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2 janvier 2007

6 - B Afrika N°2 - (Histoire de dalibougou/dons)

Histoire de Dalibougou

 

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HISTOIRE_DE__DALIBOUGOU

 

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Histoire de Dalibougou

 

 


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Secrétaire de l’association Consart et éducateur de rue dans une association de prévention a Paris, je me suis rendu un mois a Bamako au sein de l’association Sinjiya-ton dans le cadre d’un échange de pratiques éducatives.

 

Ce séjour, bien que soutenu par ma direction, s’est effectué dans un cadre privé. Logé à Dalibougou, auberge solidaire rattachée à Sinjiya-ton, j’ai eu tout le loisir de me rendre compte du travail effectué par Mamadou ( président de Sinjiya-ton), des intervenants éducatifs ( Moussa, Sekou, Amara, Konaté et Awa ) et de tout le staff  travaillant auprès de l’association ( réception, cuisine et vie quotidienne )

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Je les remercie de leur accueil et de tous ces bons moments passés ensemble

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En voici l’histoire

 

Lexique   

 

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Sinjiya-ton/Mali et Sinjiya-ton France sont les deux associations qui administrent et financent le projet. La première est présidée par Mamadou Touré au Mali et la seconde par Marie-Ange Buclet à vincennes.

 

Sinjiya-so(w), traduit par « maison(s) de  la fraternité » est le foyer d’accueil pour enfants de la rue et est aussi un lieu ouvert aux nombreux enfants du quartier qui fréquentent la structure

 

Dalibougou est l’auberge solidaire, mitoyenne du foyer d’accueil. Cette auberge sert à financer une partie des coûts de fonctionnement du centre. Très fréquentée par les enfants, elle est aussi le lieu où se fait la cuisine et les tâches ménagères, lieu ou sont pris les repas et siège de l’association Sinjiya-ton/Mali

 

Magnambougou est le quartier de Bamako où est située la structure d’accueil. Quartier populaire de Bamako, situé de l’autre coté du pont, proche de la gare routière où se réfugient de nombreux enfants, la nuit.

 

Les cocottes en papier est notre association partenaire dans l’organisation du concert Bodega Afrika du 28 avril 2007. Les cocottes mettent leurs compétences au service de Sinjiya-ton depuis 2005

 

Les Ruffans : analogie pour contourner le terme d’enfants des rues dans le nom du groupe de musique créé au sein de l’association. Un des morceaux est en écoute sur ce site, un album complet est en cours de masterisation, nous l’espérons fini pour le jour du concert. Les Ruffans ont enregistré dans le studio que Tiken Jah Fakoly a gracieusement mis à leur disposition.

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La Rencontre

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Mon séjour à Bamako aura duré presque un mois.

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Éducateur de rue en prévention spécialisée à paris 19ème, j’ai rencontré Mamadou Touré en juillet 2006 lorsque nous nous sommes arrêtés à Dalibougou, lors d’un chantier de solidarité internationale, dans le cadre des projets de co-développement entre associations française et  malienne.


Ce chantier de 3 semaines, destiné à construire un centre communautaire de santé dans le sud du Mali ( dans un village proche de yanfolila ), a été réalisé par un groupe de 8 jeunes du 19ème et 15ème arrondissements de paris, les ressortissants de Balanfina ( mali ) et des villages alentours.


Il a été financé par la mairie de Paris au titre des actions de la politique de la ville et organisé en partenariat par deux associations de prévention parisienne du 15ème et 19ème arr.

 

Lors de mon passage, j’ai donc eu l’occasion de discuter et j’ai constaté les difficultés et les besoins dans lesquels Mamadou se débattait. Membre de Consart que nous avons créé en 2005, dont le but est d’organiser des événements solidaires, il me semblait logique de vous proposer, à vous notre public, un événement de soutien aux enfants accueillis.

 

À mon retour à Paris, fidèle à nos concepts de travail en partenariat, j’ai contacté toutes les personnes qui me semblaient promptes à se liguer au projet. J’ai trouvé dans les cocottes en papier le partenaire idéal à l’organisation de cette action.

 

Par la suite j’ai re-contacté Mamadou et par son intermédiaire, Marie-Ange, afin d’organiser un séjour d’échange autour du travail éducatif et ainsi, pouvoir constater l ‘ensemble du travail effectué à Sinjiya-so afin de vous en rendre compte.

 

J’ai été donc accueilli du 7 janvier au 10 février à Dalibougou. Le séjour s’est effectué sur la période de mes congés et a été financé ( vol, hébergement, nourriture ) sur mon budget personnel.

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Histoire De Sinjiya-so

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L’histoire de Mamadou avec les enfants a commencée en 1996, lorsque, à la sortie d’une soirée, il est sollicité financièrement par un enfant. Plutôt circonspect sur le moment, Mamadou interroge le gamin qui lui dit que ses parents vivent de mendicité et qu’il ne sait pas où ils sont.

 

Ce sera alors l’occasion de son premier tour de rue, la nuit, à la recherche des parents du gamin. Au bout de la nuit, il retrouvera le père pour se rendre compte qu’aveugle, il ne pouvait assumer son enfant. Mamadou est alors frappé par l’ampleur des besoins au niveau des enfants « des rues » et la volonté d’une action né alors.

 

Etudiant en sociologie a Bamako, Mamadou se rapproche des structures d’aide sociale à l’enfance existante, et devient bénévole auprès de divers organismes ( pouponnière, structure d’accueil en milieux ouverts de la ville )

 

Frustré des limites de son action, il germe alors dans son esprit l’idée de fonder son association, ce qu’il réalisera avec la création de Sinjiya-ton/mali en 1997

 

En 1998 il réalise sont premier projet de collecte au Mali au profit de la pouponnière et réussi à réunir des équipements et denrées alimentaires en quantité considérable.

 

Peu après, inspiré par les aires de jeux, équipement des parcs et cours des maternelles ( toboggans, balançoires… ) lors d’un séjour a paris, il a l’idée et trouve les fonds afin d’équiper la pouponnière et 5 associations de quartier, centres d’écoute et d’orientation dans les quartiers populaires de la ville, afin de dynamiser l’organisation, de mobiliser et retenir les enfants dans des structures dans lesquelles ils puissent trouver aide et protection en journée, plutôt que de rester sans prise en charge.

 

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En 2000, il est élu président de la coordination des associations de quartier. Association qu’il présidera jusqu’en 2004

 

En parallèle, il continue son travail de rue et ses actions bénévoles, mais il constate que les orientations qu’il effectue auprès des structures d’accueil existantes ne portent pas tous ses espoirs. Le plus souvent, après un ou deux mois d’accueil, il retrouve les mêmes enfants dans la rue. L’idée d’une structure d’accueil d’un autre genre né alors.

 

La même année, il rencontre Marie-Ange et Bruno, couple de français dont l’histoire est fortement liée au mali. De cette rencontre naîtra Sinjiya-ton/France en 2001, association destinée à démarcher des donateurs afin de venir en aide aux enfants défavorisés du mali.

 

En 2003, ils fondent ensemble Dalibougou, auberge solidaire destinée à contribuer au financement de ces actions

 

Février 2005, dans l’émotion d’une tournée de nuit dans les quartiers avec Marie-Ange et Bruno, ils décident de créer une structure d’accueil. Dans l’attente, les enfants seront accueillis à Dalibougou.

 

Avril 2005, les cocottes en papier, passant par-là, décident de s’associer au financement de ce projet.

 

Le 30 juin 2005, l’aventure Sinjiya-sow débute. L’inauguration officielle aura lieu en novembre 2005.


Le foyer accueille aujourd’hui 15 garçons, et trois filles sont hébergées côté Dalibougou.


Même si l’installation de la structure a suscité des inquiétudes auprès des habitants de Magnambougou, Mamadou est aujourd’hui reconnu dans le quartier comme une personne ressource par les adultes et les enfants. L’aventure Sinjiya-ton a acquis une légitimité parmi les structures oeuvrant auprès des ces enfants.

 

4 éducateurs et une assistance sanitaire se relaient auprès des enfants en permanence, 4 personnes travaillent aux tâches ménagères et à l’accueil, ainsi que des bénévoles maliens qui y investissent de leur énergie, ponctuellement.

 

Devant la nécessité de financer le fonctionnement du lieu et l’urgence d’ouvrir une seconde maison destinée à l’accueil des filles, nous nous associons à Mamadou et à tous ceux qui le soutiennent, au travers de ce concert, afin de l’aider dans sa démarche.

 

Sinjiya-ton, comme la plupart des structures sociales du Mali est financée uniquement par des fonds privés et externes à l’état du mali.

 

Mon passage à Sinjiya-So

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Je suis arrivé à Dalibougou le 7 février afin de participer aux activités de Mamadou et de passer du temps avec les enfants et l’équipe éducative dans le but de partager nos différences en matière d’éducation et de travail social.

 

C’était une première pour eux comme pour moi, ils n’avaient jamais reçu d’éducateur français dans le cadre d’un échange et comptaient beaucoup sur ce que cela pouvait apporter ; bien qu’ayant passé beaucoup de temps sur le continent africain et rencontré quelques structures d’aide à l’enfance, je ne m’étais jamais immergé aussi profondément et sur un temps aussi long dans l’une d’entre elles.

 

Afin de mieux cerner le contexte local, j’ai commencé avec Moussa par faire le tour de l’ensemble des partenaires et un grand nombre de structures sociales de Bamako( SOS villages d’enfants, L’AEMO de la ville, centres d’accueils et d’écoute de quartiers, Carritas, SAMU social, prison pour femme…..).


J’ai pu échanger sur les différentes conceptions de pédagogie, poser toutes les questions sur le fonctionnement, les financements, et constaté la place de l’enfant au Mali.

 

Durant ce mois j’ai participé à l’ensemble des activités de l’association
( Ruffans, équipe de foot, animation socioculturelles diverses )

 

J’ai été impliqué dans les suivis de scolarité et de formation, dans les suivis pédagogiques et le fonctionnement d’équipe de par ma présence quasi constante au sein du foyer et aux réunions d’équipe. Moniteur secouriste de formation, j’ai enseigné les gestes qui sauvent


J’ai effectué de nombreuses tournées de rue, de nuit, de jour, à pied, à moto, à la recherche d’enfants qui fuguent le foyer.

                                             

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J’ai été un participant observateur bien plus qu’un observateur participant, en partageant le quotidien des enfants et du personnel, les repas, les jeux, les couchés des enfants, sans parler du célèbre thé malien.

 

Je me suis fait des amis inoubliables parmi les éducateurs et les habitants du quartier, j’ai eu l’honneur qu’ils me fassent partager leur intimité et ai été baptisé Balé Niaré
( « ba » comme le vieux, le père et « blé » comme la couleur claire, blanche ; « Niaré » comme l’ethnie fondatrice de Bamako )

 

J’ai partagé des moments privilégiés avec les enfants au cours de nombreuses journées et soirées et me suis extrêmement attaché à eux. À tel point que, malgré toute mon expérience sur la distance éducative, mon départ fut un déchirement à mon cœur.

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Synthèse

 

Sinjiya-ton agit sur un public et emploie une pédagogie toute particulière pour le Mali.
Le principe de non-violence adoptée n’est pas une notion très répandue dans la société malienne.

 

Les enfants accueillis ou susceptibles de l’être sont bien souvent des enfants qui ont fui pour cause de violence, soit leur famille, souvent recomposée, soit le marabout à qui ils auraient été confiés ;  pour d’autre il s’ajoutera la difficulté économique de leurs parents.


Certains sont originaires de Bamako, d’autres viennent de l’autre bout du Mali, et d’autre encore de Côte d’Ivoire, de la Guinée…

 

Ce sont des enfants qui ont connu la rue, souvent des maltraitances en tout genre tant dans la rue que dans leurs familles. Ils sont durs entre eux mais fragiles dans le fond, il est difficile de les stabiliser mais ils trouvent dans Sinjiya-sow un lieu sécurisant ou ils se sentent à l’abri du danger.

 

Malgré tout, il arrive que des enfants fuguent du foyer, nostalgiques de leur ancienne vie dans la rue, de son illusoire liberté, cortège de produits stupéfiants et autres petites combines.


A chaque fugue, l’équipe organise les recherches et tente de récupérer le gamin au plus vite. Le plus souvent l’enfant est re-contacté rapidement et regagne le foyer volontairement.

 

La plupart des enfants sont scolarisés avec des résultas de variable à excellent, une partie est en formation de tailleur, menuisier ou autre, chez un patron.

 

Mamadou et son équipe réfléchissent à une pédagogie active ou les enfants participent aux décisions et à la vie du lieu. Les actions, les activités sont réfléchies et l’équipe est ouverte à la remise en question, aux améliorations et innovations dont nous avons pu discuter tout au long de mon séjour. Les écrits et la réflexion tiennent une place importante dans leur travail.

            

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